Comment valoriser une start-up ?

Ce qu'il faut retenir

- Valorisation de la start-up à l'horizon de 5 ans en utilisant la méthode des comparables (exemple : multiple EBITDA N+5 puis déduire de la valeur obtenue les dettes financières).

- Détermination de la valeur actuelle en fonction du rendement annuel attendu selon le niveau de risque (5 fois la valeur en 5 ans par exemple).

- Le montant obtenu correspond à la valeur post money de la start-up ; valeur pre money = valeur post money - levée de fonds.

- Les prévisions d'EBITDA sont fiabilisées autant que possible en corroborant les ratios et hypothèses avec ceux observés dans des start-ups comparables.

- Le niveau de risque dépend du profil de l'équipe, de l'avantage concurrentiel, de la traction, des barrières d'entrée sur le marché…

 

Quel exercice éminemment délicat que d'évaluer une start-up qui n'a pas encore ou peu d'activité et dont la valeur repose sur l'avenir et sur son très hypothétique potentiel de développement !

Nous allons vous décrire ci-dessous une approche qui essaie d'objectiver la détermination d'une valeur sachant que celle-ci résultera en définitive de la négociation entre le porteur de projet et les investisseurs.

Cette approche découle de la méthode des DCF (discounted cash flow) habituellement appliquée dans les entreprises classiques. Rappelons que la méthode des DCF consiste à faire la somme, d'une part de l'actualisation des flux futurs de trésorerie sur une période prévisible et  d'autre part de la valeur terminale à la fin de la période prévisible, à savoir sa valeur actualisée finale. Toute la difficulté réside dans l'estimation des flux futurs de trésorerie et du choix du taux d'actualisation qui tient compte notamment du niveau de risque. La valeur d'une entreprise résulte en effet de la combinaison de ce qu'elle peut rapporter et du risque de voir ce potentiel ne pas se concrétiser.

La méthode de valorisation de start-up est plus simple mais repose aussi sur les prévisions futures d'activité. Elle consiste à déterminer la valeur de l'entreprise à l'horizon de l'année 5 en multipliant l'EBITDA prévisionnel par le multiple habituellement utilisé pour valoriser les entreprises de tailles comparables du même secteur d'activité ou d'un secteur d'activité proche (méthode des comparables).  La valeur ainsi obtenue, après déduction des dettes financières, est divisée par le taux de revalorisation attendu de l'entreprise à l'horizon de 5 ans compte tenu du degré de risque et d'incertitude sur les prévisions. Généralement les investisseurs attendent que la valeur de la start-up soit multipliée par 5 en 5 ans, soit un taux de revalorisation annuel de 38 %. Mais, en fonction du degré de risque, le multiple peut aller de 4 à 10 en 5 ans, soit des taux de revalorisation annuel allant de 30 % à 60 %.

Exemple : je souhaite investir 200 K€ dans la start-up Speedchrono qui livre des colis en s'appuyant sur une plateforme web. Speedchrono prévoit de réaliser en année 5 un EBITDA de 3 millions d'euros. Dans son secteur d'activité et dans sa fourchette de taille d'entreprise,  les entreprises similaires à Speedchrono se valorisent généralement 4 fois l'EBITDA. La valeur d'entreprise devrait ainsi atteindre en année 5 un montant de 3 M€ x 4 = 12 M€. Les dettes financières nettes en année 5 s'élèvent à 2 M€. La valeur des capitaux propres se chiffre donc à 12 M€ - 2 M€ = 10 M€. Compte tenu du niveau de risque et d'incertitude sur la réalisation des prévisions, je souhaite multiplier ma mise par 5 en 5 ans.  Speedchrono devrait ainsi valoir à la date d'aujourd'hui 10 M€ / 5 = 2 M€ en valeur postmoney. La valeur prémoney de l'entreprise s'établit ainsi à 2 M€ - 0,2 M€ = 1,8 M€.  

Dans cette méthode, les prévisions de résultat sont déterminantes. La stratégie qui permettra de conquérir les parts de marché prévisionnelles, devra être convaincante. Les principaux paramètres, ratios et hypothèses utilisés pour construire les prévisions seront corroborés aux données observées dans d'autres start-ups comparables pour valider leur cohérence.

Le niveau de risque dépend du profil de l'équipe, de l'approche stratégique, de l'avantage concurrentiel, des barrières d'entrée sur le marché, de la traction et de la réponse du marché à l'offre, de la pertinence du business model… Une matrice swot des forces et faiblesses, des opportunités et menaces peut aider à évaluer le niveau de risque qui requiert une part de jugement importante.

Les points de vue des fondateurs et des investisseurs sont souvent éloignés et diffciles à rapprocher, les mécanismes d'ajustement du prix de la start-up peuvent permettre de débloquer la situation. 

 

Stéphane Lépine

 

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